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LOUIS BOUILHET

Ainsi raisonne ce mari furibond. Poussé au désespoir, il veut s’empoisonner avec la perfide. Mme de Montarcy, qui n’a qu’un mot à dire pour faire tomber l’accusation, refuse de prendre le poison en protestant de son innocence. Elle ne trahira point le secret du Roi, et ne compromettra point, même aux yeux de son mari, l’honneur de la duchesse de Bourgogne qu’elle a promis au monarque de sauvegarder. Poussée à bout, elle va boire enfin le breuvage. Montarcy étonné l’arrête. Il en vient à douter de la faute de sa femme. Mais vivre ainsi, jaloux et soupçonneux, c’est impossible. Il saisit la fiole de poison et la vide. Mme de Maintenon qui sait à présent la vérité arrive pour justifier Mme de Montarcy. Il est trop tard ! Montarcy expire sous ses yeux.

À côté de cette intrigue si simple se placent quelques épisodes qui se relient à l’action principale par un nœud plus ou moins serré. Ce sont les intrigues de courtisans pour faire succéder Mme de Montarcy à Mme de Maintenon dans les bonnes grâces du Roi ; ce sont les entreprises amoureuses de Maulévrier ; ce sont les escapades et les folles équipées de d’Aubigné, le frère de Mme de Maintenon ; ce sont les difficultés politiques où se trouve placé Louis XIV vis-à-vis de l’Europe.

Cette juxtaposition, à une intrigue d’amour, d’épisodes se rattachant de près ou de loin à l’Histoire a été employée aussi par le poëte dans la composition de la Conjuration d’Amboise.

Les Protestants ont formé un complot pour attaquer les Guises et enlever le Roi. Ils sont trahis, et nombre d’entre eux ont déjà payé de leur vie la part qu’ils ont prise à cette conjuration. Les uns, traqués comme des bêtes fauves, sont massacrés dans la campagne, les autres, livrés au bourreau, sont pendus, à Amboise, aux créneaux du château, sous les yeux de la Cour.