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CHAPITRE QUATRIÈME


Une profession de foi poétique. — « Festons et astragales », « Dernières Chansons. » — Le lyrisme chez Bouilhet. — Thèmes variés. — Un voyage en Chine et en Égypte. — Une course à travers un champ de poésies. — « Le sermon sur la Mort » et Bouilhet. — « La fille du fossoyeur. » — Toujours l’antithèse ! — « Le poète, aux étoiles. » — Une défaillance. — Bouilhet et Nicolas Lenau.


Cet homme fut-il réellement poëte ? — Le critique peut toujours se poser cette question toutes les fois qu’il est appelé à juger un écrivain qui laisse derrière lui plusieurs recueils de vers. La question n’est point oiseuse quelquefois ; mais est-elle ici vraiment utile, quand il s’agit de Louis Bouilhet ? Sa vie tout entière, la violence qu’il dut faire à sa vocation lors de ses études médicales, le triomphe de cette vocation contrariée, son caractère élevé, sa nature enthousiaste, tout se réunit pour dire qu’il fut poëte. Poëte, nous l’avons deviné murmurant ses poésies d’écolier ; poëte, nous l’avons reconnu avec Mœlenis et les Fossiles ; poëte, nous le retrouverons avec ses pièces de théâtre ; poëte, nous le saluons encore avec Festons et Astragales et ses Dernières Chansons.

Oui, il fut poëte, et poëte dans la plus stricte et la plus belle acception du mot ; bien mieux, il resta poëte. « La Muse, dit Théophile Gautier, n’eut pas de desservant plus fidèle. » — Beaucoup renient plus tard le culte de leurs années de jeunesse ; lui, à ce culte, il consacra tous ses jours. Il y puisa ses émotions les plus