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CHAPITRE TROISIÈME


Une citation de Buffon. — « Les Fossiles ». — Un poëme antédiluvien. — De la poésie scientifique. — Les précurseurs de Bouilhet. — Grandeur du sujet des « Fossiles ». — Le plan du poëme. — Une transcendante utopie. — Les nothosaures, les paléothériums, les mylodons, et la poésie. — Les théories scientifiques de Bouilhet et le Darwinisme. — Les mérites du poëme. — Le « de naturà rerum » de Lucrèce.


« Comme dans l’histoire civile, on consulte les titres, on recherche les médailles, on déchiffre les inscriptions antiques, pour déterminer les époques des révolutions humaines et constater les dates des événements moraux ; de même, dans l’histoire naturelle, il faut fouiller les archives du monde, tirer des entrailles de la terre les vieux monuments, recueillir leurs débris, et rassembler en un corps de preuves tous les indices des changements physiques qui peuvent nous faire remonter aux différents âges de la Nature. C’est le seul moyen de fixer quelques points dans l’immensité de l’espace, et de placer un certain nombre de pierres numéraires sur la route éternelle du Temps… » Voici presque le langage d’un poëte. Ces paroles de Buffon nous revenaient à la mémoire, quand nous fermions l’un des poëmes de Bouilhet. À son tour, il a voulu remonter la série des siècles antéhistoriques, planter quelques jalons dans