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CHAPITRE DEUXIÈME


Un tableau de la Rome païenne sous les Césars. — « Melœnis. » — Les personnages, le sujet et le style. — Originalité du poëme. — Une promenade dans Rome. — Deux lignes de Gustave Planche.


Voulez-vous voir un tableau complet de la Rome païenne sous les Césars avec sa corruption, sa débauche et ses élégances ? — Lisez Melœnis. C’est un poëme exquis, d’une délicatesse raffinée. Si vous êtes un gourmet littéraire, vous y trouverez des mets d’un autre genre, peut-être, mais tout aussi appétissants que ceux du cuisinier Bacca, l’un des héros de l’histoire ; car c’est un conte que ce poëme. Permettez-moi de vous présenter les acteurs : voici Paulus, un rhéteur beau comme le jour, et Melœnis, une danseuse ; voilà Marcius, un édile gourmand et ventru, sa fille Marcia, et Staphyla, une sorcière. Mettez comme comparses : Polydamas, un maître d’éloquence ; Pentabolus, un légionnaire ; Mirax, un lutteur ; Coracoïdès, un bouffon ; Stellio, un parasite comme il y en a tant, et l’empereur Commode, — et vous aurez au complet la liste des personnages qui vont animer le monde évoqué par le poëte.

Mais prenez garde ! C’est souvent dans de mauvais lieux que nous allons pénétrer,

Ille locus casti damna pudoris habet… ;

C’est dans les bouges où vient ouvrir au passant un homme fardé, aux cheveux frisés, — où sous la lampe fumeuse, l’œil étincelant, la gorge nue, parée d’un col-