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LOUIS BOUILHET

effet de l’âge, puis d’une virulence républicaine tellement naïve qu’au sortir du collège, il faillit, exhorté par un vieux maître d’armes dont il avait fait connaissance, s’affilier à une société secrète.

Bouilhet conserva toujours le meilleur souvenir de ces années de collège. J’en trouve la preuve dans une lettre qu’il écrivait à l’un de ses amis, M. Lepesqueur, de Dieppe.

« Mon cher ami, lui disait-il, je suis vivement touché de ta bonne lettre, et je reste, comme toi, fidèle aux vieux souvenirs.

» Que d’années et que de choses se sont passées depuis ce temps où nous descendions la rue du Collège, les livres sous le bras et la leçon dans la tête. Je me plais souvent à évoquer toute cette classe dont les élèves sont si loin les uns des autres ; je revois le grand quadrilatère de la cinquième et de la seconde avec le père Houé et M. Pelletier, les trois murailles nues bordées de soixante têtes, et au fond, sur la quatrième, la chaire du professeur noir… undè tremor terris !

» Si la baguette d’une fée pouvait nous réunir tous subitement avec tous les changements apportés par le temps et par la vie !… Hélas ! beaucoup probablement manqueraient à l’appel, et les vieilles murailles pourraient-elles reconnaître les survivants ! J’en ai peu rencontré des anciens, quelques-uns seulement, Dumont, médecin à Paris, et décoré ; les deux Lemarié, dont l’un est perclus par la goutte ; Dupont-Delporte, qui a été député ; Flaubert, Hamaret-Fouard, notaire à Paris, Luce, avocat à Rouen ; et ce bon et brave Foulongne, peintre d’un véritable talent, qui lutte encore dans la mêlée mais qui gagnera bientôt la place qu’il mérite »[1].

Il écrivait encore à M. Lepesqueur le 21 février 1862 :

  1. Souchières, Nouvelliste de Rouen du 23 août 1882.