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époques, où les horizons lointains contribuent à donner une apparence de grandeur et d’héroïsme aux personnages mis en scène, où l’on peut estomper les contours de leur figure avec les ombres du passé, où le lieu commun (faut-il le dire ?) disparait facilement sous l’éclat et le mouvement du panache. Le siècle de Louis XIV avec son étiquette, sa politesse et ses graves élégances[1], l’Espagne avec ses paysages pittoresques, ses grilles, ses balcons, ses sérénades et surtout l’allure hautaine et lière, quelquefois héroïque de ses caballeros et de ses senoras, lui convenaient mieux que les petitesses, les agiotages, les intrigues et la dépravation de nos Parisiens[2]. Il n’avait point ses coudées franches dans les bornes étroites de la vie de chaque jour. La tragédie bourgeoise[3], de même que la comédie[4], semblait, en une seule occasion, avoir épuisé en sa faveur toutes ses ressources. Pour lui, une fois, les agitations de la vie romaine sous les empereurs, les menées des Prétoriens, les complots d’un soldat de fortune qui se fait saluer imperator par ses légions, les ambitions froides et effrénées d’uue impératrice[5] ; une autre fois, les luttes des Catholiques et des Huguenots, la rivalité des Guises et des princes de Bourbon, les faiblesses de François II, et la grâce touchante de Marie Stuart[6] étaient des sujets d’inspiration autrement puissants que les scandales cherchés dans notre société. Il leur préférait même la poudre, les frivolités, les spirituelles effronteries de ce séduisant XVIIIe siècle que traverse comme une douce vision cette aimable Aïssé dont la naissance singulière, le charme exotique.

  1. Madame de Montarcy.
  2. Dolorès.
  3. Hélène Peyron.
  4. L’oncle Million.
  5. Faustine.
  6. La Conjuration d’Amboise.