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d’une femme qui fut sa maîtresse. Or, cette femme n’est autre que Marceline, qui n’est jamais sortie du vice. Sa vie consacrée à la paresse et au plaisir a passé successivement de la misère au luxe. En dépit de sa promesse, elle a essayé de revoir sa fille, elle la connaît. Le dimanche, aux offices, elle était sur ses pas. Dans une dernière entrevue, poussé à bout par les railleries de son ancienne maîtresse qui lui fait un portrait grotesque de sa fiancée, Flavignac lui montre un médaillon qui représente Hélène dans L’éclat de sa jeunesse et de sa beauté. La mère a reconnu sa fille ; elle tombe anéantie ; elle est donc la rivale de sa propre fille ! Une lettre anonyme est envoyée aussitôt par Marceline à Mme Daubret. Daubret la lit et s’en moque. Flavignac a une maîtresse ! La belle affaire ! Quel est l’homme qui n’a eu au moins une maîtresse ! Faut-il se montrer d’ailleurs si difficile dans le choix d’un mari pour Hélène ? N’est-ce pas, après tout, une enfant trouvée ? On se pardonnera mutuellement le passé. Avertie de la conduite de son fiancé, Hélène pardonne en effet ; mais Marceline, elle, ne pardonne point, ou plutôt elle n’oublie point Hélène. Daubret et Flavignac sauront ce que c’est qu’Hélène. Elle écrira à sa fille, s’il le faut : « Cet homme, ne » l’épouse pas ! Je suis ta mère ; et il est mon amant ! » Marceline se présente, Hélène l’accueille avec une fureur jalouse : « Vous êtes sa maîtresse ! » dit-elle, et « pourquoi venez-vous ici ? » Mme Daubret se précipite aux genoux de son mari, et lui révèle le secret de la naissance d’Hélène. « C’est ma fille ! » se met à crier Daubret, et quand Flavignac arrive, c’est par ce cri qu’il l’accueille. Le mariage n’aura pas lieu. Flavignac commence à accuser Marceline : elle a dépassé les limites de l’infamie, lorsque Hélène l’arrête : « Vous insultez ma mère, » lui dit-elle. Le drame touche à son terme ; il lui faut un dénouement. La pauvre Hélène, le cœur brisé,