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LOUIS BOUILHET

Boursault des Théatins, le propre fils de Boursauh, le poëte comique.

Y avait-il dans l’histoire des amours d’Aïssé et de son chevalier le germe d’une comédie ou d’un drame ? Nous ne le croyons pas. C’était se tromper gravement que de vouloir faire revivre cette délicate figure d’Aïssé, cette dernière venue de la famille des Héloïse et des La Vallière.

L’exemple de l’insuccès relatif de deux esprits distingués, MM. Paul Foucher et Alexandre de Lavergne, aurait dû profiter à Bouilhet et l’écarter d’un sujet qui avait été pour eux un écueil au Théâtre-Français en 1854.

Mettre en scène Aïssé, c’était s’exposer à heurter dans une intrigue la vérité historique et littéraire. C’est toujours une pratique douteuse que celle qui consiste à s’éloigner de l’Histoire ; mais l’erreur devient plus grave dans un sujet où lu forme est déjà donnée, où l’action a son mouvement nécessaire et son ordre inconciliable avec l’ordre artificiel de la scène «… Pourquoi, disait un critique[1] à propos du drame de MM. Paul Foucher et Alexandre de Lavergne, changer les temps, rapprocher le commencement de la fin et le dénoûment du début ? Pourquoi supprimer les intervalles, modifier les fortunes, modifier les caractères, supposer des faits nouveaux, détruire les faits anciens et ne conserver à peu près que le nom des acteurs dans une aventure où rien n’est plus intéressant que l’aventure elle-même ? »

Bouilhet, hâtons-nous de le dire, s’est montré plus scrupuleux vis-à-vis des dates et des événements que ses devanciers ; mais je doute fort que ceux qui ont lu l’attachante étude de Sainte-Beuve, et surtout lu la correspondance de Mlle Aïssé, puissent reconnaître dans

  1. M. Edouard Thierry.