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Son front par les fers avili,
Et qui craignent d’aider l’Égypte renaissante,
Cet épi que sema ta main resplendissante
Et qu’arrose le bras d’Ali ;

Ceux qui te devaient tout, qui devant ton naufrage
Perdant le souvenir de tes dons généreux,
Te jetèrent à flots le mépris et l’outrage
Ou te vendirent malheureux,
Ces criminels pour qui l’histoire inexorable
A d’un carcan inaltérable
Éternisé le châtiment,
Voilà, Napoléon, ceux qui seront en scène
Pour fêter ton retour aux rives de la Seine,
Pour honorer ton monument !

Ces nains aux pieds desquels la France est inclinée,
Osant mettre en oubli ton supplice immortel,
Vont avec Albion sceller un hyménée
Dont ton cercueil sera l’autel !
Et c’est en se gorgeant sur ta cendre sacrée
De l’or du peuple, leur curée,
Que nos gouvernants jureront
Tout ce que veut de nous la vénale Angleterre,
Tout ce que nous prescrit l’union adultère,
Tâche éternelle de leur front !

Et devant ce spectacle aux scènes éhontées,
Devant tant d’intérêts impudemment trahis,
Devant tant de grandeurs lâchement insultées,