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Thémistocle a vaincu la Perse à Salamine,
Une palme immortelle a couronné son front ;
Athènes, où l’Envie et s’ébat et domine,
D’un exil lui vomit l’affront !
Thémistocle demande un abri pour sa gloire
Aux ennemis dont sa victoire
A foulé l’orgueil insolent ;
Et, lui tendant la main, le monarque d’Asie,
Cet hôte fastueux, des champs de Magnésie
Lui crée un asile opulent !

Mais quand cet aigle-roi, ce dieu de la conquête
Qui nous fit tant de jours d’un magique soleil,
Ainsi qu’un chêne altier brisé par la tempête,
Tombe d’un trône sans pareil,
Entraîné par l’élan d’un noble caractère,
Vint à la foi de l’Angleterre
Livrer le plus grand des malheurs,
Au lieu de l’abriter en un royal partage,
Albion, cette sœur de l’antique Carthage,
L’abreuva du fiel des douleurs !

Celui qui de son souffle a remué la terre,
Qui laboura le monde esclave de sa voix,
Ruine de géant, ruine solitaire,
Comme Prométhée autrefois