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est garrotté et conduit à la tente de Mohammed-Abdallah, roi des peuples maures, nommés Douicht. Ce prince appelle ses gardes, leur fait former le cercle, y place le pauvre Toubabi, et l’interroge.

Après quelques explications données par le vieux caporal, Mohammed le fit conduire sous sa tente, l’assaillit d’une foule de questions qui le surprirent grandement, le prince, lui nomma plusieurs fois le sultan Kebir (c’est ainsi que les habitants d’Égypte désignaient Napoléon-le-Grand.)

Le lendemain au point du jour, les Maures furent se placer sur le sommet d’un monticule de sable qui leur servait de minaret. Là, prosternés, et la face tournée du côté de l’Orient, ils attendirent le lever du soleil pour faire ensuite leur salam.

Grevin les imita dans toutes leurs cérémonies ; il ne manqua jamais, par la suite, de faire des prières en même temps qu’eux, ce qui lui valut les plus grands égards de la part des Maures.

Après un mois, passé chez diverses tribus, il arriva au Sénégal. Atteint depuis huit jours de la dysenterie, il était tellement faible qu’il fut transporté à l’hôpital de Saint-Louis, et dix jours après il rendit le dernier soupir.

Son corps, ainsi que son précieux dépôt furent placés dans un même cercueil, et transportés dans le lieu de sépulture.

Telle a été la fin malheureuse de ce courageux soldat, de ce tendre époux.