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prend à la main sa triste mais précieuse relique, et retourne au lien où il avait laissé sa barrique, pour étancher la soif dévorante qu’augmentait sa douleur ; ensuite, il continue sa route dans le désert, espérant rejoindre ceux qu’il avait été forcé d’abandonner la veille.

Vers le soir, il aperçut au loin des feux. Il conçut l’espérance de rencontrer quelques êtres vivants qui voudraient bien lui donner les aliments dont il avait un pressant besoin.

Il s’avance, ce sont des Maures qui étaient sous leurs lentes. Avec beaucoup d’assurance, il leur adresse, tant bien que mal, quelques mots d’arabe. Ce militaire avait fait la campagne d’Égypte, où il avait appris à parler un peu cette langue.

« Accueillez, leur dit-il, au nom du grand Prophète, un vieux guerrier, qu’un naufrage a jeté sur vos côtes, et qui vient vous demander l’hospitalité et des secours. Aussitôt il se prosterne la face contre terre et fait le salut d’usage ; les Maures en font autant, le traitent on ne peut mieux, et lui permettent d’entrer sous une tente. On lui présente du lait et du couscous ; cette nourriture lui redonne des forces.

Les Maures ayant aperçu l’objet qu’il tenait à la main ; animés d’un esprit de curiosité et de rapine, le saisissent, détachent l’enveloppe et mettent à découvert ce qu’elle renfermait. À la vue de ces restes inanimés ils jettent îles cris de vengeance et de mort.

Le pauvre Toubabi (nom que les Maures donnent aux blancs),