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» À quatre heures, nous pûmes aussi manger du pain ou de bon biscuit, et boire d’excellent vin de Madère, que l’on nous prodigua même avec peu de prudence.

» Nos matelots étaient ivres ; ceux-mêmes d’entre nous qui usèrent de plus de réserve, ou dont les têtes étaient meilleures, étaient au moins fort gais ; aussi, que ne dîmes-nous pas en descendant le fleuve dans nos barques ! Après une courte et heureuse navigation, nous abordâmes à Saint-Louis vers les sept heures du soir.

» Mais que faire ? Où aller ? Telles étaient nos réflexions en mettant pied à terre ! Elles ne furent pas longues ; nous trouvâmes quelques-uns de nos camarades des embarcations arrivées avant nous, qui nous conduisirent et nous distribuèrent chez différents particuliers, chez lesquels tout était préparé pour nous bien recevoir.

» Je me rappellerai toujours la tendre hospitalité que nous ont donnée en général les habitants de Saint-Louis, Anglais et Français.

« Tous nous fûmes accueillis ; nous eûmes tous du linge blanc pour changer, de l’eau pour nous laver les pieds ; une table somptueuse nous attendait.

» Pour moi, je fus reçu avec plusieurs compagnons de voyage, chez MM. Durécu et Potin, négociants de Bordeaux.