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avait une fontaine. Ce n’était qu’un trou que les Maures avaient abandonné depuis peu d’heures. Là nous nous établissons ; une douzaine de feux sont allumés autour de nous.

» Un noir tord le cou au bœuf comme nous l’aurions fait à un poulet. En cinq minutes, il est écorché et coupé en parties que nous faisons griller à la pointe des épées ou des sabres. Chacun dévore son morceau.

» Le 12 mars nous nous remîmes en marche à trois heures du matin.

» Il fallait cheminer sur le sable mouvant, de la pointe de Barbarie.

» Rien, jusque-là, n’avait été plus fatiguant : tout le monde se récria ; nos guides Maures assurèrent que c’était plus court de deux lieues.

» Nous préférâmes retourner sur le rivage, et marcher sur le sable que l’eau de la mer rendait ferme ; ce dernier effort fut presque au-dessus de nos forces.

» Je succombai, et sans mes camarades, je restais sur le sable.

» On voulait absolument gagner le point où le fleuve vient rencontrer les dunes.

» Là, des embarcations qui remontaient le fleuve devaient venir nous prendre et nous conduire à Saint-Louis. Près d’arriver à ce