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» L’envoyé anglais a de l’argent pour nous acheter des vivres. Il nous annonce encore trois jours de marche jusqu’au Sénégal. Nous pensions en être plus près ; les plus fatigués sont effrayés de cette distance. Nous dormons tous réunis sur le sable.

» On ne laisse personne s’éloigner, à cause des lions qui, dit-on, étaient dans cette contrée.

» Le 11 juillet, après avoir marché depuis une heure du matin jusqu’à sept heures, nous venons dans un lieu où l’Anglais comptait trouver un bœuf. Par un mal-entendu, il n’y en avait point ; il fallut se serrer le ventre ; mais nous eûmes un peu d’eau.

» La chaleur était insupportable ; le soleil était déjà brûlant. On fit halte sur le sable blanc des dunes, comme étant plus sain pour une station, que le sable mouillé de la mer ; mais ce sable était si chaud que les mains ne pouvaient l’endurer. Vers midi, le soleil, d’aplomb sur nos têtes, nous torréfiait.

» Cependant, l’Anglais, sur son chameau, était allé à la recherche du bœuf. Il ne fut de retour que sur les quatre ou cinq heures.

» Il nous annonce que nous trouverions cet animal à quelques heures de chemin. Après une marche des plus pénibles, et à la nuit, nous trouvons, en effet, un bœuf petit, mais assez gras.

» On cherche loin de la mer un endroit où l’on croyait qu’il y