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» Enfin, nous ne doutons plus qu’ils ne s’approchent de nous ; nos noirs et nos Maures les vont chercher en nageant, et les poussent vers le rivage, où nous nous en emparons.

» Le gros baril défoncé ; le biscuit et le fromage furent distribués nous fîmes un repas de dieux. Nos forces réparées, nous continuâmes notre route avec plus d’ardeur.

» Vers la fin du jour le pays change un peu d’aspect : les dunes s’abaissent, nous apercevons dans le lointain une surface d’eau ; nous croyons, et ce n’est pas pour nous une satisfaction légère, que c’est le Sénégal qui fait un coude eu cet endroit, pour couler parallèlement à la mer.

» De ce coude s’échappe le bras du fleuve appelé le Marigot des Maringoins ; pour le passer, un peu plus haut, nous quittons le bord de la mer. Nous arrivons dans un endroit ou il se trouvait un peu de verdure et de l’eau ; on résolut d’y rester jusqu’à minuit.

» À peine y étions-nous, que nous vîmes venir un Anglais nommé Karnet, et trois ou quatre marabouts (prêtres de ce pays). Ils ont des chameaux : ils sont envoyés par le gouvernement à la recherche des naufragés.

» On fait partir aussitôt un des chameaux chargé de vivres. Ceux qui le conduisent iront, s’il le faut, jusqu’à Portandic réclamer nos compagnons d’infortune, ou au moins en savoir des nouvelles.