avec les épées et les sabres en l’air. Ceux qui n’avaient pas d’armes agitaient les fourreaux, pour faire croire que nous étions tous armés de fusils.
» Ils n’approchent pas : nos conducteurs vont au-devant à moitié chemin. Ils laissent un seul homme et se retirent : les Maures en font autant de leur côté.
» Les deux parlementaires s’entretiennent pendant quelque temps, puis ils reviennent chacun à leur troupe.
» L’explication fut satisfaisante, et les Maures ne tardèrent pas à venir nous trouver sans la moindre défiance.
» Leurs femmes nous apportent du lait, qu’elles nous vendent horriblement cher ; la rapacité de ces Maures est étonnante, ils demandent jusqu’à partager le lait qu’ils nous ont vendu.
» Cependant, nous vîmes une voile qui cinglait vers nous ; nous fîmes toutes sortes de signaux pour en être aperçus, et nous fûmes assurés qu’on nous répondait.
» Notre joie fut vive et bien fondée ; c’était le brick l’Argus, qui venait à notre secours.
» Il baisse les voiles et met une embarcation à la mer.
» Quand elle est auprès des brisons, un de nos Maures se jette à la nage, muni d’un billet qui peignait notre détresse.