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soleil, nous découvrîmes un navire qui semblait s’approcher de la côte ; la vue du pavillon français nous fit tressaillir. C’était l’Argus qui louvoyait. Malgré tous nos signaux, le navire s’éloigna, on nous avait pris pour des Maures. Cet éclair d’espérance augmenta notre abattement.

Nous marchâmes encore deux jours sans trouver une goutte d’eau ; les Maures nous donnèrent à boire de l’urine de chameau mêlée avec du lait ; cette boisson n’avait rien de désagréable, je la préférais même à l’eau dégoûtante que nous avions bue jusqu’alors.

Il y avait déjà six jours que nous avions été pris par les Maures, lorsqu’un marabout nègre vint à nous, monté sur un chameau. Il nous dit que le gouverneur français l’avait envoyé à notre rencontre, et qu’il était suivi d’un officier anglais qui venait pour nous racheter et nous conduire au Sénégal.

Ce ne fut que le neuvième jour, à dater de notre esclavage, que l’officier anglais nous rencontra. Il était vêtu comme un Maure. Lui seul, dans Saint-Louis, avait osé braver tous les dangers pour hâter notre délivrance. Gloire et reconnaissance au brave Karnet ! C’est le nom de ce vertueux officier.

À peine arrivé, il demanda, l’officier français qui commandait