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Les autres Maures formaient un cercle autour de nous, tandis que ! es femmes et les enfants se partageaient nos dépouilles et manifestaient leur joie féroce par des danses et des cris.

Je me plus à examiner ce chef barbare, dont la vue m’avait frappé.

Sa taille était petite, mais bien proportionnée ; un nez aquilin, des yeux grands et vifs, une petite bouche ornée de belles dents, des cheveux courts et une longue barbe, lui donnaient une physionomie toute particulière qui le distinguait de ses compagnons.

Son costume répondait à la dureté de ses traits ; une peau hérissée de poils le couvrait jusqu’à la ceinture. Un long coutelas était suspendu à son côté. Sa tête était nue : je fus surpris qu’un mahométant ne portât pas de turban.

Il me fit en mauvais anglais plusieurs questions que j’avais bien de la peine à saisir.

— Quel est ton pays ? — La France.

— D’où viens-tu ? — De ma patrie.

— Comment te trouves-tu ici ? — La tempête m’y a jeté.

— Où est le vaisseau qui te portait ? — La distance d’un soleil à l’autre suffirait pour arriver à l’endroit Où il se trouve.

— Que renferme-t-il ? — Des toiles, des fusils, de la poudre, du tabac et de l’argent.