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térieur ; cette découverte singulière nous fit penser que ces cabanes avaient quelque temps servi d’habitation à des Maures, et que, suivant leur usage, ces hommes sauvages s’étaient nourris de sauterelles quand ils habitaient ces contrées à l’époque du passage de ces insectes.

Ces cabanes creusées dans le sable, couvertes des débris de navires, servent de retraite aux Maures qui viennent pêcher dans ces parages. Elles étaient si malpropres et si incommodes, qu’il nous fut de toute impossibilité d’y prendre quelques moments de repos. Nous continuâmes notre route ; mais la nuit, et surtout la lassitude, nous forcèrent bientôt à nous arrêter. Nous n’avions ni bu ni mangé de la journée. Afin d’apaiser la soif et la faim qui nous dévoraient, nous choisîmes un endroit à l’abri du vent et nous appelâmes le sommeil à notre secours.

Pendant cette première nuit passée dans le désert, les rugissements des lions nous réveillèrent souvent ; nos armes étaient près de nous en cas d’attaque, mais heureusement nous n’eûmes pas besoin d’en faire usage.

À deux heures du matin, nous nous remîmes en route, soutenus par l’espoir de trouver un peu d’eau et des racines ; mais nos recherches, qui ne firent qu’accroître la lassitude dont nous étions accablés, furent inutiles, il fallut se résoudre à boire de l’eau de mer.