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Nous la continuâmes cependant ; sur le soir nous aperçûmes trois montagnes de sable, les Mottes d’Angel : le passage est affreux. La mer, en frappant contre la partie inférieure de la montagne, l’avait creusée, le sommet pendant et sans appui visible, menaçait d’ensevelir sous des monceaux de sable ceux qui tentaient un pareil passage, ce danger est peut-être une illusion, mais le malheureux voit dans tout ce qui l’environne des objets de crainte et des instruments de mort. J’avoue que dans ce passage je ne pus me défendre d’un mouvement de terreur, néanmoins ce périlleux défilé fut bientôt franchi.

Là, commença pour nous un bien triste spectacle, la côte était couverte d’une grande quantité d’épaves maritimes. La vue de ces objets jetés à la côte nous rappelait notre triste naufrage. Des mâts, des planches brisées, des avirons obstruaient très-souvent notre marche. La vue de ces objets portait la tristesse dans notre cœur. Ils étaient des indices bien certains, que de malheureuses créatures avaient éprouvé un sort plus à plaindre que le nôtre.

Continuant notre route, à une légère distance des Mottes d’Angel, nous aperçûmes des cabanes. Nous les crûmes habitées et nous en approchâmes avec beaucoup de circonspection ; elles étaient désertes.

Une grande quantité de pattes de sauterelles en jonchaient l’in-