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Que d’indices, que de preuves, et quel aveuglement ! Le capitaine est prévenu de notre position, et ordonne de venir un peu plus au vent.

On sonde par son ordre… dix brasses ! l’anxiété la plus vive se peint déjà sur tous les visages, bien qu’il n’y ait encore rien à craindre. Officiers, soldats, marins et passagers se rassemblent pêle-mêle, sur le pont du navire dont les sinistres oscillations, au milieu des flots de l’Océan, semblent présager l’approche d’une immense catastrophe. On sonde de nouveau, dans une attente plus pénible encore et en présence de l’épouvante générale qui se trahit de tous côtés par un morne silence : on ne trouve plus que quatre brasses !  !  !

Un mouvement de la frégate la portant un peu plus en avant, la désolation est à son comble. Le navire frappe trois coups horribles contre le récif, une sorte de râle se fait entendre, notre vaisseau demeure immobile ! la consternation des uns et des autres est indescriptible : tout est perdu ! la Méduse vient d’échouer !  !  !