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était à tribord et gouvernait presque à l’ouest. Cette remarque, qui a été faite par les officiers de marine, n’aurai tel le pas dû les précautionner contre le voisinage de la terre ?

Nous arrivons au 2 juillet, qui devait être un jour de mort pour tant d’infortunés, la Providence qui veillait sur nous, sembla accumuler les avertissements pour nous dérober au malheur qui nous menaçait.

À neuf heures du matin, nous fûmes tous surpris du grand changement qui venait d’avoir lieu ; l’eau qui était verte la veille, avait ce jour-là, revêtu une teinte blanchâtre, et devenait trouble à mesure que nous avançions. Le ciel lui-même avait perdu son éclat.

Le capitaine Baignères, qui s’amusait à pêcher à l’aide d’un crochet, prit en peu de temps une vingtaine de morues, il était midi, et la corvette l’Echo, que nous a ions aperçue la veille, ne paraissait pas.

Les officiers font leur point, et se trouvent sur le banc d’Arguin, par 19° de longitude et 32° de latitude, à dix-huit lieues de la côte du grand désert de Zahara.

À trois heures et demie de l’après-midi, l’officier de quart, M. Maudet, fait jeter le plomb sans l’ordre du Capitaine ; on trouve quinze brasses d’eau.