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la mer. Étonné de ce magnifique spectacle, je ne prévoyais pas alors tous les malheurs qui nous menaçaient. Le canot du commandant se dirigea vers la terre pour se procurer des filtres et du vin de Malvoisie. Nous louvoyâmes durant huit heures à l’entrée de la rade de Sainte-Croix, capitale de Ténériff, en attendant son retour. C’est un temps bien précieux que nous perdîmes ; le vent était favorable, nous aurions pu gagner au moins vingt-cinq lieues. À notre départ, nous longeâmes une partie de l’ile, et passâmes sous le canon d’un petit fort, nommé le Fort Français ; nous éprouvâmes la joie la plus complète ; en entendant articuler ces mots : Vive les Français ! vive la France ! Cette petite forteresse avait été construite par quelques-uns de nos compatriotes. C’est là que l’amiral anglais Nelson, est venu échouer devant une poignée de Français qui s’y couvrirent de gloire et sauvèrent Ténériff. Dans ce combat, long et opiniâtre, l’amiral Nelson perdit un bras, et se vit forcé de chercher son salut dans une honteuse fuite.

Comme nous ne fîmes que côtoyer cette île, sans descendre à terre, je ne me permettrai pas d’en donner la description. Je laisse à M, Correard, la responsabilité de l’esquisse, assez scandaleuse, qu’il a donnée des mœurs des habitants dans sa relation, page 35.

Dans la nuit du 28 au 29 juin, un incendie se déclara dans