Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je partis du Sénégal le 14 mars 1817, sur la gabarre la Lionne, laissant le bataillon réduit à 2 capitaines, 2 lieutenants, 1 adjudant, 1 sergent-major, un sergent, un fourrier, 9 caporaux et 68 fusiliers ; ce qui formait un effectif de 75 hommes, 57 étaient malades à l’Hôpital, et j’arrivai en France le 12 mai de la même année, après une traversée de deux mois.

La fatigue du voyage et la nourriture échauffante que je prenais, augmentèrent la fièvre qui me dévorait ; mais la vue de la France sembla calmer mes douleurs, et la fièvre elle-même cessa de me tourmenter.

Cependant, j’avais encore une longue route à faire. Débarqué à Rochefort il fallait me rendre dans ma famille qui habitait Nimes. Ce voyage ne se termina pas sans de nouvelles souffrances ; des douleurs nerveuses m’empêchaient de me mouvoir ; je fus forcé de faire usage de deux béquilles. Je revis enfin mes parents. C’est au milieu de leurs soins empressés et de leurs embrassements que je repris un peu de santé.

Quelques jours après mon arrivée dans ma famille, je fis part de ma triste position à Son Excellence le ministre de la marine M. Molé. Courrier par courrier il me prévint qu’il m’avait mis à la disposition de Son Excellence le ministre de la guerre le maréchal Gouvion St-Cyr. Ce ministre ne tarda pas à me faire