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relation qui parle) il crut pouvoir faire la route à pied. La première journée de marche, il n éprouva que de légères douleurs ; la seconde, le malaise augmenta, et la troisième, la fièvre se déclara. Il était alors à trois heures de Poitiers, très-près d’un petit village, se trouvant exténué de fatigue et accablé par la fièvre, il résolut d’aller chez le Maire, demander un billet de logement ; ce fonctionnaire était absent, et son épouse répondit que dans tous les cas, il fallait obtenir l’agrément de M. le marquis de Fayolle, colonel de la garde nationale.

» Le voyageur languissant ne vit aucun inconvénient à se rendre auprès du marquis, il fut trompé dans son attente. Le colonel lui fit un fort mauvais accueil, et resta insensible à ses prières ; il eut beau lui montrer ses certificats, sa feuille de route, ses blessures même, lui présenter son bras tremblant qu’agitait la fièvre, rien ne put le fléchir. Désespéré, le malheureux malade se retira, en maudissant une inhumanité qu’il ne s’attendait pas à trouver dans un chef de la garde nationale, et se promettant de n’oublier jamais son illustre nom et la manière impitoyable avec laquelle il avait répondu à ses prières. Ce marquis de Fayolle, dit M. Correard, est le même qui, en sa qualité de Maire de la commune de Colombier, étant assisté de trois membres du Conseil municipal, condamna, le la août 1816, le sieur Henri Dusouil, à l’amende de cinq francs, pour avoir fait cuire trois pains le jour