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» Cette pièce fut accueillie avec empressement par l’adroit courtisan Forestier, qui voulut la taire servir à son ambition : et voici comment :

» À cette époque, M. Decazes était déjà favori, et très souvent il était entravé dans le conseil par M. Dubouchage, alors ministre de la marine. Un homme médiocre peut entendre la vérité sans en être offensé ; mais un jeune ambitieux, qui voulait marcher sur les traces de l’homme le plus extraordinaire que la terre ait produit, n’eut point cette force de caractère. Des lors, il conçut le projet de faire chasser M. Dubouchage du ministère de la marine.

» L’événement du naufrage de la Méduse était admirable.

» Le courtisan Forestier était l’ami intime de M. Decazes, et ce dernier, dit-on, lui avait promis le ministère de la marine. On pense bien qu’ils agissaient de concert, et, pour atteindre leur but, ils adressèrent au rédacteur du Journal des Débats, la relation que M. Savigny avait rédigée.

» Au reste, celui qui la reçut à Brest était loin de vouloir nuire à l’auteur de cet écrit. S’il avait eu la moindre idée de tous les désagréments qu’occasionna la publicité qu’il donna à sa relation, en la montrant à plusieurs personnes, il l’eût plus soigneusement conservée, ou du moins, il l’eût remise immédiatement au ministre de la marine, à qui elle était destinée. Cette publicité par la