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Le 5 juillet, il était près de midi, les embarcations avaient disparu. Sur le radeau, la consternation fut générale, néanmoins la journée se passa sans aucun désordre, bercés de la crainte à l’espérance, on ne s’occupa que des moyens à employer pour arriver à terre.

La nuit arriva (c’était la première). Douze hommes perdirent la vie ayant les extrémités inférieures engagées dans les interstices que laissaient entr’elles les pièces de bois qui formaient le radeau.

Huit avaient été enlevés par la violence de la mer.

Le second jour, deux jeunes mousses et un boulanger se jetèrent à la mer pour ne plus reparaître.

La Deuxième nuit, un homme menaça un officier, il fut la première victime. Un passager, conduit par le désespoir, lève le fer sur un officier ; il tomba sur-le-champ, percé de coups. Un soldat défendant son camarade trouvé coupant les amarres du radeau fut tué avec lui et tous deux expédiés à la mer.

Un autre militaire subit le même sort ; pressés par les besoins impérieux de la soif et de la faim, de même que par la violence de la mer, dont les lames déferlaient impétueusement sur l’arrière, entraînant les hommes dans l’abîme, on se dispute les vivres, le centre du radeau. Divers combats des plus acharnés se livrent, et cette nuit, dix-huit sont jetés à la mer. Lorsqu’ils cherchaient à