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CHAPITRE IV

LA DOCTRINE DE L’AMOUR COURTOIS
COURS D’AMOUR

La doctrine de l’amour courtois : son originalité. — L’amour est un culte. — Le « service amoureux » imité du « service féodal ». — La discrétion ; les pseudonymes : les hommages des troubadours ne s’adressent qu’aux femmes mariées. — La patience vertu essentielle. — L’amour est la source de la perfection littéraire et morale. — L’orthodoxie amoureuse chez le troubadour Rigaut de Barbezieux. — Les cours d’amour d’après Nostradamus et Raynouard.


L’ancienne poésie provençale se fait remarquer, dès ses débuts, par une profonde originalité[1]. Ni par le fond, ni par la forme, elle ne ressemble à rien de ce qui l’a précédée. La forme est parfaite, et cependant elle n’a pas de modèles dans la poésie classique des Grecs ou des Latins. Les idées poétiques et les sentiments qu’expriment les premiers troubadours ne dénoncent aucune imitation ; d’un bout à l’autre cette poésie vivra par elle-même et non d’emprunts. Cette originalité, qui a fini par être un élément de faiblesse, a fait d’abord sa force.

Elle se manifeste surtout dans la conception que

  1. Une partie des pages qui suivent ont paru en article dans le Mercure de France, juin 1906.