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Un peu plus tard, l'acte d'Union mêla à ce sentiment de sècucité un élan de patriotisme plutôt rétrospectif qu'actif, et oii il entrait plus de regret que de révolte. Ou sentait bien (|iie l'union des deux royaumes était un événement inévitable et utile. Cependant on perdait avec peine l'indépendance nationale. Les discussions et les discours reportèrent l'atteulion vers le passé du pays, vers ses titres glorieux de bravoure et de poésie. C'est alors que commença cette étude de l'histoire nationale, cette récolte des souvenirs qui se sont continués à travers tout le xviu^ siècle, et dont on peut dire (|ue Walter Scott a été le dernier et le plus illustre ouvrier. Ses romans ont été la synthèse embellie de ces travaux successifs. Au sortir de la pesante littérature théologique, les premières productions du temps sont des ouvrages d'archéologie ou d'histoire locale : Les Exploits guerriers de la Nation Ecossaise, de Patrick Abercombrv ; les Vies et les Caractères des phs Eminents Ecrivains de la Nation Ecossaise, du D George Mackenzie : le premier en deux volumes in-folio, le second en trois du même format; les dimensions théolo- giques persistaient encore. En même temps, on commença à recueillir les chansons et les ballades populaires. Le premier des nombreux recueils qui allaient se succéder fut publié par Watson, en 1706 ^ Le mouvement était lancé.

En sorte que, vers le commencement du xviii'* siècle, il était devenu possible que l'Ecosse eût une littérature, et (pi'il y avait des motifs |)our que cette littérature, sur le terrain de la poésie tout au moins, fût une littérature nationale.

Ce fut Allan Ramsay qui eut la gloire de l'inaugurer, en grande partie par ses propres œuvres, et aussi en récoltant les gerbes éparses et en les rentrant dans la grange. Sa vie, bien que dépourvue de dramatitpie, ne laisse pas que d'être bien intéressante ^. Comme presque tous les poètes écossais, il s'est formé lui-même. Il était né en 1686, dans un petit village du comté de Lanark, au fond d'un district montagneux, plein d'eaux courantes. C'est là, sans doute, qu'il apprit à aimer la campagne et que le côté pastoral de son talent prit son germe ^. De bonne heure, il perdit son père. Peu après, sa mère se remaria; à l'âge de quinze ans, il la perdit et se trouva tout à fait orphelin. Son beau-père l'emmena à Edim-

1 Choice CoUeclion of comic and serions Scots Poems, bolh nncivnt and modem, by several liands, EdinLurgh ITOd-Oy-ll.

2 Voir l'article sur Ramsay dans tlw Biographiral Diclionary of Eminent Scotsmen, et surtout la vie qui se trouve en tète de 1 édition de ses œuvres de 1800 et qui est de Clialmers, l'auteur de Caledonia. Cette biographie est, selon l'expression de J. Ross, ^' la base de toutes celles qui l'ont suivie ».

•'* Voir, dans l'éditiou de Ramsay d'Alex. Gardner, lieinarks on Ihr Grnius and Writings of Allan Ramsay, p. XLiu. — Hill Burton, History of Scolland, tom VIII, p. 546.