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ditîérente, et il est, dans Biirns, autrement dramatique, autrement chargé de vie. Mais le seul rapprochement des deux titres indique assez la filiation.

Bien que Le brave ^eck soit un curieux petit poème, et que les épîtres à Ramsay soient, pour la vivacité et l'imprévu des drôleries , égales sinon supérieures aux réponses, Gilberfield n'est pas un grand homme. Il est inférieur aux Semple de Beltree. Toutefois il n'en doit pas moins être tenu en considération dans la poésie écossaise. Il a servi à allumer la lampe d'Allan Ramsay, comme Allan Ramsay a servi à allumer celle de Burns, selon l'expression de Walter Scott. C'est la lecture de ce poème qui a inspiré à Ramsay le désir et l'ambition d'écrire :

Quand Je commençai à apprendre des vers, Et pus réciter vos « Rocliers d'Ardry », Où le brave Heck courait vite et farouche,

Cela enflamma mon cœur. Alors l'émulation m'aiguillonna

Qui depuis n'a jamais cessé.

Puissé-je être moulu d'un maillet,

Si je prise peu vos vers ;

Vous n'êtes jamais rugueux, creux, ni ombrageux ,

Mais jovial et aisé ,

Et vous frappez, juste en plein, dans l'esprit

De Habby notre modèle i.

Habby, on le reconnaît, n'est autre chose que Habby Simpson auquel Allan Ramsay rend ainsi hommage par un éloge de côté. Ces strophes auraient suffi pour conserver le nom de Gilbertfield dans une lumière moyenne. Burns l'a frappé d'un rayon plus rapide et plus brillant, rien qu'en le citant.

Mon bon sens serait dans une hotte ,

Si j'osais espérer gravir,

Avec Allan ou avec Gilbertfield,

Le talus de la renommée,

Ou avec Fergusson, le pauvre commis,

Un nom immortel 2.

Cela suffit pour que le poète de Bonny Heck garde, parmi les hommes de sa race, une petite immortalité. C'est quelque chose de comparable à celle qui est conférée aux hommes obscurs dont les grands peintres représentent les traits et inscrivent le nom dans le coin d'un tableau.

1 Seren Familiar Epistles which passed behveen Lient Hamillon and the Aulhor. Answer I, Edinburgh, July lOth H 19.

2 Epistle to William Simpson.