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Les dimanclics, son bonnet avait une plume, Bel ornement ; II attachait sa jument dans le cimetière, Où il repose mort.

Hélas 1 pour lui mon cœur est navré. Car j'ai eu ma part de ses airs de danse, Aux Jeux, aux Courses, aux Fêtes, aux Foires, Sans malice, ni envie. N'espérons plus des airs de cornemuse, Puisque Habbie est mort, i

Cette pièce a donné lieu à un grand nombre d'imitations, et l'élégie comique est, dès lors, devenue un genre favori des poètes écossais. Ramsay a écrit Y Mégie de Magcjy Johnstoun, une cabaretière qui vendait une petite bière blanche, claire et grisante, dans une ferme aux abords d'Edimbourg; Y Elégie de John Coivper, le greffier du trésorier de la paroisse ; Y Elégie de Liœky Wood , une autre cabaretière , dont la per - sonne et la maison étaient nettes et honnêtes; Y Elégie de Patie Birnie , violoneux, pure transcription du Cornemusier. Fergusson a écrit Y Elégie de David Gregory, professeur de mathématiques à l'Université de Saint- Andrews ; Y Elégie de John Hogg, .portier de ladite Université ; et même Y Elégie de la Musique Ecossaise, qui est sa meilleure. C'est en conti- nuant dans cette voie que Burns a écrit son Elégie de Tarn Samson , joyeux compagnon, grand pêcheur, grand chasseur et grand joueur de curling. Il a employé exactement le même cadre. Mais, ici comme ailleurs, il y a mis un tableau brossé avec une autre vigueur de main. L'élégie de Robert Semple, gracieuse et distinguée, est un peu mince; celles de Ramsay, naturelles et gaies, manquent de force ; celles de Fergusson sont, à nos yeux, froides et ternes. Celle de Burns les laisse toutes en arrière, parle mouvement, la vie, et l'entassement de pensées, de visions, de motifs poétiques, qui font paraître les autres pièces creuses à côté de la sienne.

Le second titre de Robert Semple à la position qu'il occupe dans la poésie de sa contrée, c'est que, pour traiter un sujet nouveau, il a, selon toute apparence, inventé une strophe nouvelle ^. Tout au moins, il a em- ployé une strophe qu'on ne retrouve pas au delà de lui. Ce n'est plus la strophe à huit vers de A la Fête de Peebles , la strophe régulière , adaptée aux récits et aux descriptions. C'est une strophe plus courte, plus alerte, avec des mouvements et des flexibilités intérieures. Elle se

1 Voir sur Robert Semple: Irving, History of Scot ish Poetry, p. 5'73-"in. Irving donne l'élégie en entier. Elle se trouve également dans le petit recueil de Ghambers, Miscellany of Popular Scottish Poems.

2 J. Graut Wilson. The Pools and Poclry of Scotland, p. 82. — J. Clark Murray. The Balludn and Songs of Scotland, p. 185.