Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 36 —

était infatigable à cette recherche, et il est intéressant de voir où il allait récolter le moindre fragment de mélodie populaire. Tantôt il faisait chanter à sa femme les airs qu'elle savait : « l'air a été pris de la voix de MrsBurns* «. D'autres fois, il faisait sa moisson dans les campagnes : « J'ai encore chez moi plusieurs airs écossais manuscrits que j'ai recueillis en grande partie des chants des fillettes de la campagne »^. Dans son enthousiasme, il interrogeait tout le monde autour de lui : « J'ai rencontré, dans les volontaires de Breadalbane qui sont cantonnés ici, un highlander musical qui m'assure se souvenir très bien que sa mère chantait des chansons gaéliques sur Bo^in Adair et Gramachree » 3. Les airs écossais ne lui suffisaient pas. II en recueillait d'irlandais qui pouvaient servir de canevas à une chanson *. Il allait plus loin ; il trouva un air hindou.

« Je vous envoie une curiosité musicale, im air des Indes orientales, dont vous jureriez que c'est un air écossais. J'en connais l'authenticité, attendu que le gentleman qui l'a rapporté est un de mes amis particuliers.^ »

Il ne mettait pas moins d'ingéniosité à adapter les airs que d'activité à les découvrir. Tantôt , c'était un des anciens chants d'église que les gens de la Réforme, pour les rendre ridicules, avaient affublés de paroles grossières.

» Connaissez-vous une amusante chanson écossaise, plus fameuse pour son humour que pour sa délicatesse, et appelée : l'Oie grise et le Milan ? M. Clarke Ta notée sur ma demande, el je l'enverrai à Johnson avec des vers plus décents. M., Clarke dit que l'air est positivement un vieux chant de l'Église romaine, ce qui corrobore la vieille tradition que, à la Réforme, les Réformés ont ridiculisé beaucoup de la vieille musique d'église en l'appliquant à des vers obscènes.6 »

Tantôt, c'était un air de danse, un réel, qu'on pouvait transformer, en le jouant avec une autre expression.

« Vous connaissez Fraser, le joueur de hautbois d'Edimbourg ; il est ici à instruire un orchestre pour un corps de milice cantonné dans ce pays. Parmi ses nombreux airs qui me plaisent, il y en a un, bien connu comme réel, sous le nom de la Femme du Quaker, et que je me rappelle avoir souvent entendu chanter à une de mes vieilles tantes, sous le nom de Liggeram Cosh, ma jolie fiUetle. Mr. Fraser le joue lentement et avec une expression qui me charme tout à fait. J'en suis devenu si enthousiaste que j'ai écrit dessus une chanson que je vous envoie, en y joignant la mesure sur laquelle Fraser joue l'air.'^ »

1 To G. Thomson, 19tii Oct. 1794. ^ To G. Thomson, April 1793.

3 To G. Thomson, August 1793.

4 To G. Thomson, Sept. 1794.

^ To G. Thomson, 19tii Oct. 1794. 6 To G. Thomson, Sept. 1794. ■^ To G. Thomson, June 1793.