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Les fonds achèvent cette impression. On y aperçoit des paysages irréels. Parfois, ce sont des fabriques fantastiques. C'est, par-delà une mer courroucée, un château avec une haute tour au toit d'étain :
Quand elle vit la tour majestueuse
Luire claire et brillante,
Qui se tenait au-dessus des vagues ouvertes,
Bâtie sur un roc élevé i.
Ou bien c'est la façade d'un château féodal :
Il y a un beau château, bâti de chaux et de pierre,
- Oh 1 n'esl-il pas bâti plaisamment ?
Sur le devant de ce beau château, Il y a deux unicomes beaux à voir 2.
Le plus souvent, comme dans les vieilles tapisseries, ce sont des verdures, des fonds de. feuillage. Voici le verger où la reine des fées conduit Thomas d'Ercildoune :
Elle le conduisit dans un beau verger, Où les fruits croissaient en grande abondance ; Les poires et les pommes étaient mûres, La datte, et aussi le damas ;
La figue et aussi les grappes de la vigne ;
Les rossignols reposaient sur leurs nids, Les papegais drus commençaient à voler çà et là, Et la chanson des grives ne voulait pas cesser 3.
N'est-ce pas là vraiment un arrière-plan d'ancienne tenture aux frondaisons semées de fruits et d'oiseaux? Ce sont aussi des fonds de forêts, dans lesquelles passent des cerfs, des chasseurs vêtus de vert, l'arc à la main, suivis de leurs bons chiens gris.
Johnie regarda vers l'est, et Johnie regarda vers l'ouest,
Et un peu au-dessous du soleil ;
Et là il aperçut un cerf brun qui dormait,
Sous un buisson de genêts.
Johnie tira, et le cerf brun bondil,
Et il le blessa au flanc,
El, entre l'étang et le bois.
Ses chiens abattirent la bête flère *.
1 Fnir Annie of Lochryan.
2 Song of the Outlaw Murray.
3 Thomas of Ercildoune.
4 Johnnie of Breadislee