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nette, bien établie et acquise, de sii^^'érer ou d'éclairer une impression neuve ou vague, soit par contraste, soit par nuance. Nous les employons comme des moyens de préciser, et non comme dès instruments d'éva- luation. C'est avec toutes ces réserves que nous voudrions marquer la place de Burns dans l'histoire littéraire.
L'œuvre de Burns n'est ni très élevée, ni très complexe, ni très pro- fonde. Il n'était pas de ces âmes prophétiques, comme ce siècle en a connu, qui gravissent les plus hauts sommets du présent, pour entrevoir l'avenir et annoncer des terres nouvelles ; ni de ces âmes subtiles qui découvrent dans le cœur humain de nouvelles couches de souffrance, de joie, de scrupule, ou de rêverie ; ni de ces âmes tourmentées des problèmes de la destinée qui se meurtrissent contre le mur d'Inconnu qui enferme le monde. C'était un esprit qui habitait les régions moyennes. Il s'est contenté de la réalité courante. Il a reproduit la vie humaine la plus commune, et il l'a plutôt peinte que pénétrée. Cette représentation est courte et décousue ; elle consiste en une suite d'esquisses, de croquis détachés. Dans ce qu'elle exprime le mieux, elle ne découvre rien, et même n'entre pas très avant. Les sentiments et les personnages sont ordinaires ; on dirait presque qu'ils tiennent du lieu commun, s'ils n'étaient si précis et si serrés. Ils sont admirablement saisis, mais ils sont un peu superficiels par suite de la rapidité du trait ; ils sont même un peu diminutifs, de petite stature. Cependant quelle vérité, quelle intensité , quel mouvement , quelle action incessante et , (juand il le faut, quelle énergie ! Il prend la réalité d'un tel poignet qu'il eu fait sortir le comique ou l'éloquence rien qu'en la pressant. Et aussi quelle variété, non seulement dans les sentiments, mais dans les situations et dans la forme même! Oui, il est vrai, sa représentation de la vie est réduite et sommaire ; il n'en connaît ni les grandeurs, ni les héroïsmes, ni les sacrifices, ni les subtilités, ni les dépravations, ni les fruits rares, ni les fleurs délicates ; il n'en offre que le pain bis. Mais on peut dire que, à l'échelle oii il prend l'existence, il la reproduit tout entière. Il ressemble à ces montreurs qui ont un petit théâtre, et cependant mettent tout un monde dans leur boîte. Dans maint graud théâtre pompeux, prétentieux et riche, il n'y a pas le quart de la vitalité, de l'observation et de la vérité qui s'agitent dans cette baraque populaire.
Avec cela, il a des côtés plus aériens. Il possède un don de lyrisme qui, parle seul essor des strophes, s'empare de ce réalisme et l'enlève presque hors de la réalité. Ce don, qui parait dans presque toutes ses pièces, éclate dans ses chansons. Elles atteignent à cette hauteur oii le sens des mots se fond en émotion musicale, oîi les paroles chantent comme des notes. Mais là encore, toutes légères et ailées qu'elles soient, elles sont réelles, elles restent terrestres. Les seules chansons modernes