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sur les sommets silencieux des monls ', l'automne pensif ^, elle a crié au vent d'ouest, au sauvage vent d'ouest, alors que sa large haleine passait sur la terre :

» SoLs, ô esi)rit farouche, Mon propre esprit, sois moi-même, ô impétueux ! ^ ».

Elle a été la nue, puisant aux ruisseaux et à la mer de fraîches averses pour les (leurs altérées, la tille de la terre et de l'eau, qui change et ne peut mourir, la nue aux mille métamorphoses*. Elle s'est perdue dans toutes les manifestations les plus indécises, les plus originaires, les plus profondes de la force inconnue.

Shellej a eu un instinct si puissant de la vie générale qu'il ne s'arrêtait pas aux attrihuts de forme ou de couleur des phénomènes. Il a pénétré jusqu'à leur vie intime, leur àme obscure, leurs aspirations inconscientes, le sens épars de leur fonction et la vague allégresse de leur course, car peut-être le mouvement est la joie des choses. Aussi jamais la matière n'a été plus immatérialisée. La force inchoative, la vie centrale, y perce partout, en sorte que, derrière la mince matérialité des attributs, on rencontre l'immatériel. La profondeur même de ce matérialisme conduit à quelque chose qui ressemble à du spiritualisme. La matière disparaît presque, se pénètre de vie et de mouvement, perd sa pesanteur qui, en réalité, n'est qu'une idée humaine, prend sa vraie légèreté, son bondisse- ment, son allégresse cosmiques. Alors, tous les phénomènes allégés, spiritualisés, vus par leur face intérieure et impalpable, passent, se croisent, comme s'ils étaient purement lumineux et des jeux rapides de forces. A cet enivrement de mouvements infinis , s'ajoute l'idée qu'ils sont eux-mêmes dans un autre mouvement plus vaste, qui les sou- lève vers le progrès ; l'idée d'une transformation, d'un déroulement du Monde vers la perfection. On a non-seulement l'exultation d'appartenir à la grande vie, mais l'enthousiasme d'être emporté par l'immense roue de l'Univers courant au mieux. C'est pourquoi, lorsqu'il parle de la Nature, Shelley ne trouve d'autre moyen d'expression que le lyrisme violent et tendu. Des hymnes seuls peuvent rendre cette ivresse de pan- théisme. Il a ainsi donné la poésie de la Nature la plus vraie, la plus centrale, la plus organique, la plus riche, qui ait jamais paru. Il chante au cœur même de la Nature. La chétive vie humaine disparaît entière- ment, ne devient plus qu'une des voix qui célèbrent la vie immense. Enfin, il y a un troisième système qui , bien que dérivé des philoso-

1 Shelloy. To a Skylark. The Sensitivc Planl.

2 Id. Autumn a Dirge.

3 Id. Ode to the West Wind.

4 Id. The Cloud.