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pour les bêtes y était déjà. Mailie sa brebis favorite paissait un jour, attachée à une longe, elle se prend le pied dans la corde et tombe dans un fossé. Hughoc, jeune gars stupide, arrive en flânant et l'aperçoit. Mais l'idée ne lui vient pas de l'en retirer. Il demeure ébahi. Les yeux grands ouverts et les mains levées, le pauvre Hughoc reste là, comme une statue. La pauvre Mailie, voyant la sympathie sur sa face, le charge de porter à son maître ses dernières paroles et ses dernières recommandations.

toi, dont la face lamentable

Semble plaindre mon malheureux état,

Ecoute attentif mes derniers mots,

Et porte-les à mon cher maître.

Dis-lui que, s'il a jamais

Assez d'argent pour acheter une brebis,

Oh ! dis-lui de ne plus attacher ses moutons

Avec ces méchantes cordes de chanvre ou de crin I

Mais de les mettre dans un parc ou sur une colline,

Et de les laisser errer à leur gré.

Ainsi ses troupeaux croîtront et donneront

Des vingtaines d'agneaux et des amas de laine ^.

Mais Mailie est une bonne mère. Ses dernières pensées sont pour ses agneaux. Elle les recommande à son maître d'une façon à la fois touchante et comique. Rien n'est plus heureux que ce mélange de réelle anxiété maternelle et de détails particuliers et exacts, tels qu'ils peuvent s'offrir à une cervelle de brebis.

Dis-lui qu'il fut un maître indulgent

Et toujours bon pour moi et les miens ;

Maintenant, je lui laisse mes derniers vœux,

Je lui confie mes pauvres agneaux.

Oh ! demande-lui de garder leurs pauvres vies,

Des chiens, des renards, des couteaux de bouchers ;

De leur donner du bon lait de vache en suffisance,

Jusqu'à ce qu'ils puissent se pourvoir eux-mêmes ;

Et de les nourrir exactement matin et soir

D'une poignée de foin ou d'une pleine-paume de blé.

Puissent-ils ne jamais apprendre les façons

De moutons mal élevés et gênants,

Passer par les clôtures, voler et grignoter

Aux rames de pois ou aux tiges de choux.

Puissent-ils ainsi, comme leurs grands-parents,

Pendant maintes années passer sous les ciseaux.

Ainsi les femmes leur donneront des morceaux de pain,

El les enfants pleureront quand ils mourront i.

La sollicitude maternelle n'est pas satisfaite de ces conseils ; elle 1 The Death and Dying IVords of Poor Mailie