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qu'elles accusent ne sont pas supérieures à celles de nos sauvages de l'Amérique du Sud.* »
A ces tueries d'armées ou de clans, à ces forfaits de bandes de bri- gands, s'ajoutent des drames de famille. Une marâtre empoisonne sa belle-fille 2. Une femme tue son mari parce qu'il l'a insultée ^. Un frère tue sa sœur parce qu'on ne lui a pas demandé son consentement pour son mariage*. Une fille d'Ecosse est devenue enceinte d'un seigneur anglais ; son père furieux la fait mettre sur un bûcher ^. Une mère empoi- sonne son fils parce qu'il a épousé une femme contre son gré *. L'amour surtout, exaspérant ces vies violentes, les lance dans des aventures plus violentes encore. Les femmes ont l'énergie, les emportements de senti- ments et d'actes, des mâles. Elles n'hésitent devant rien, ni devant les fatigues, ni devant les périls. Les enlèvements sont fréquents. Les amants s'enfuient à che^al ; le père et les frères les poursuivent, les rattrapent; on s'arrête, on tire les épées, on se bat sur la bruyère.
Les épées furent tirées des fourreaux, Et ils se précipitèrent au combat,
Et rouge et rose était le sang Qui coula sur le talus semé de lis.
Parfois l'amant triomphe laissant les frères étendus sur le sol.
Il appuya son dos contre un chêne ,
El assura ses pieds sur une pierre ;
Et il a combattu contre ces quinze hommes,
Et il les a tués tous hormis un seul ;
Mais il a épargné le chevalier âgé
Pour rapporter les nouvelles au cliâteau.
Quand il eut rejoint sa belle dame, Je pense qu'il l'embrassa tendrement : « Tu es mon amour, je t'ai gagnée, El nous parcourrons Hbrement la forêt verte. »8
Il arrive aussi que l'amant s'éloigne blessé mortellement. C'est le sujet de la plus célèbre et de la plus touchante de ces ballades, t/ie Douglas Tragedy.
1 Prescott. Essais de Biographie cl de Critique ; l'article intitulé Les Chanls de l'Ecosse.
2 Lady Isabel.
3 The Lord of Waristoun.
4 The Cruel Brolher. =» Lady Maisri/.
6 Prince Robert.
"^ Katherine Janfarie.
8 Erlinton, the Bent sac Brown.