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Il y a dans ces deux strophes l'histoire de bien des vieux ménages où le mari caduc et brisé répond aux railleries de la femme encore verte, par des rappels de souvenirs et semble insinuer qu'il y a quelque ingratitude de sa part à lui reprocher l'état où il est. Il ne fait pas toujours bon de tenir tête à ces gaillardes ; plus d'un ne s'y fie pas. L'un des maris nous prend à moitié dans sa confidence, mais il a peur et s'arrête à mi-chemin. Il y a, dans cette chanson de deux strophes, toute une scène de comédie. Il faudrait l'analyser, mot à mot, dans l'original, pour voir ce qu'il y tient, dans un si court espace, de colère, de peur, de malice et de drôlerie. Il y a surtout à la fin une bouffée de fureur où l'homme s'oublie et va dire brutalement ce qu'il a sur le cœur. Mais avec quelle prestesse il rentre ses paroles et comme il se calme tout à coup ! On le voit prendre l'air détaché de quelqu'un qui ne pense à rien et siffle pour se distraire.

Quand Maggy commença à être mon souci,

Le ciel, pensais-je, était dans son air,

Maintenant, nous sommes mariés ; n'en demandez pas plus :

Sifflons sur le reste.

Meg était douce et Megélait charmante,

La jolie Meg était l'enfant de la nature ;

De plus sages que moi ont été attrapés :

Sifflons sur le reste.

Comment nous vivons, Meg et moi,

Comme nous nous aimons et nous entendons,

ie me soucie peu que beaucoup le sachent :

Sifflons sur te reste.

Que je voudrais la voir viande à vers,

Servie dans un plat de linceul,

Je pourrais l'écrire, mais Meg le verrait :

Sifflons sur le reste i.

Ce sentiment se trouve exprimé d'une façon bien originale dans une sorte de chanson qui fait penser à certains morceaux où Shakspeare emprunte aux vieux refrains populaires. Elle a le charme presque inex- plicable que donne aux ballades ou chansons populaires un vers, une image, un nom de plante qui semble n'avoir aucun rapport avec elles, et qui cependant fait leur attrait. Il est vrai qu'ici on peut trouver un faible lien de pensée entre la ritournelle et le thème, si on considère la rue comme une plante de malheur qui prospère, taudis que le gai et honnête thym dépérit.

Un vieil homme vivait dans les coteaux de Kellyburu,

Hey, et la rue croît bien avec le thym ;

Et il avait une femme qui était la peste de sa vie ;

Et le thym est flétri et la rue est en fleur.

  • Whistle o'er the Lave o't.