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grands chantres de l'amour, les autres poètes, dont les pièces forment l'anthologie de cette passion, n'ont guère dépassé ce degré de goût exquis et de légère main-d'œuvre.

Il lui arrive quelquefois, comme pour ne laisser aucune corde qu'il n'ait touchée, d'être plus subtil, plus recherché, et en quelque sorte plus moderne. Ce n'est pas qu'il approche jamais des enveloppements presque indéchiffrables d'images, ou des finesses presque insaisissables de sentiment, qui charment certains artistes modernes, à la suite des gens de la Renaissance. Il n'a pas même l'idée de ces complexités, de ces quintessences. Il est loin de ceux qui saisissent les nuances d'un sentiment, en les isolant du sentiment lui-même ; comme s'ils observaient les couleurs qui passent sur un visage, sans voirie visage. Il esta l'autre pôle des plus ténus et des plus sublimés des poètes, qui analysent des émo- tions si fines qu'elles sont impalpables, qui pèsent de l'impondérable dans de l'imperceptible, et ne semblent jamais avoir dans la main que de la poussière d'émotion. Il est bien loin aussi de ceux qui, placés aux limites de la passion, n'en étudient que les reflets lointains et les dernières colorations mourantes. Il reste toujours près du foyer ardent. Il pose fermement un sentiment plein , entier. S'il rend une phase plus fine d'émotion elle a encore pour cadre l'émotion générale dont elle dépend, qui la raffermit et la soutient. Il y a toujours sous ces teintes plus fugitives le ton franc et simple. La recherche ne l'écarte jamais beaucoup du sentier très clair et très droit qu'il suit d'ordinaire. Ainsi il imagine un compromis entre l'amour et l'amitié, mais ce sera quelque chose de bien peu compliqué, de très primitif, où ce qu'il y a d'un peu plus recherché dans le sentiment est à peine souligné par un peu plus de recherche dans les images.

Retourne-toi, encore, ô belle Eliza,

Un regard de bonté avant que nous ne nous quittions,

Prends pitié du désespéré qui t'aime !

Peux-tu briser son cœur Adèle ?

Retourne-toi encore, ô belle Eliza ;

Si ton cœur se refuse à aimer,

Par compassion cache .la cruelle sentence,

Sous le bon déguisement de l'amitié.

T'ai-je donc offensée, ô bien-aimée ?

Mon offense est de t' avoir aimée : Peux-tu détruire pour jamais la paix De celui qui mourrait joyeusement pour la tienne ? Tant que la vie battra dans ma poitrine, Tu seras mêlée à chaque battement ; Retourne-toi encore, ô adorable fllle, Accorde-moi encore un doux sourire.