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mêmes fleurs en bouquets différents. Mais comme, avec une simple touche, il rajeunit et renouvelle ces vieux sujets ! A la suite d'Anacréon, il n'est guère de poète qui n'ait souhaité d'être un des objets touchés par la bien-aimée ; l'agrafe qui serre sa gorge, l'escabeau qui supporte ses pieds 1. C'est un sujet bien usé, et cependant il en a encore tiré une jolie chanson.

Oh I si mon amie était ce joli lilas , Dont les fleurs violettes s'offrent au printemps, • Et moi un oiseau pour m'y abriter, Lorsque fatigué sur mes petites ailes !

Comme je serais triste, quand il serait déchiré

Par l'automne farouche et le dur hiver !

Mais comme je chanterais, sur mes ailes joyeuses,

Quand le jeune mai renouvellerait sa floraison !

Oh ! si mon amie était cette rose rouge.

Qui pousse sur le mur du château ;

El moi, une goutte de rosée,

Pour tomber dans son joli sein !

Oh 1 là, heureux ineffablement,

Je me nourrirais de beautés toute la nuit,

Enfermé et sommeillant dans ses plis satinés,

Jusqu'à ce que la lumière de Phébus m'en chasse 2.

Il en est de même pour ces énumérations de fleurs si chères à toutes les poésies, surtout à la poésie anglaise. Les poètes anglais sont de grands connaisseurs de fleurs ; ils en parlent avec une richesse et une précision particulières. Si un savant accomplissait ce travail de botanique littéraire très minutieux, on trouverait probablement que le catalogue de leur flore est plus long, leurs observations plus exactes, que ceux des poètes étrangers ; les serres de la littérature anglaise sont les plus riches du monde. Qu'on n'oublie pas que la poésie anglaise est littéralement parfumée par toutes les fleurs des champs, des jardins et des bois. Si cet éloge paraît excessif, qu'on songe au vieux poète de la Feuille et la Fleur ; qu'on pense aux passages floraux dont les pièces de Shakspeare sont parées, aux clairières du Songe ^une nuit d'été, aux couplets d'Ophélie, à mille traits comme les délicieuses paroles d'Arvirargus.

Avec les plus belles fleurs Tant que l'été durera et que je vivrai ici, Fidèle, J'embaumerai la triste tombe ; tu ne manqueras

1 Voir dans The Miller's Daughter de Tennyson, comment un motif vieux comme le monde peut être repris, retouché, par une main d'artiste, jusqu'à reprendre place dans la vie contemporaine.

- Oh, loere my Love yon Lilac Pair.