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Tristement, elle me regarda.
Elle était plus adorable que jamais ;
Et elle me dit : ' J'ai aimé autrefois un soldat,
Je ne l'oublierai jamais.
Notre humble toit et notre humble repas.
Vous en aurez votre part.
Ce signe vaillant, cette chère cocarde,
Vous êtes bienvenu, à cause d'elle '^.
Elle regarda, elle rougit comme une rose,
Puis pâlit comme un lis,
Elle tomba dans mes bras, en disant :
« Es-tu mon cher Willie >^ ?
« Par celui qui fît le soleil et le ciel,
Et qui protège l'amour vrai,
Je suis bien lui ! ainsi puissent toujours.
Les amants fidèles avoir leur récompense.
« Les guerres sont finies, et je suis de retour,
Et je te retrouve fidèle de cœur ;
Quoique pauvres de biens, nous sommes riches d'amour
Et nous ne nous quitterons plus ».
Elle me dit : « Mon grand'père m'a laissé de l'or,
Une ferme bien fournie ;
Viens, mon fidèle gars-soldat.
Tu es bienvenu à tout partager ».
Pour de l'or, le marchand sillonne la mer.
Et le fermier laboure la terre ; Mais la gloire est la récompense du soldat,
La richesse du soldat est l'honneur :
Ne méprisez pas le pauvre et brave soldat,
Ne le traitez pas en étranger ;
Souvenez-vous qu'il est le soutien de son pays.
Au jour et à l'heure du danger i.
Ce morceau a pris en Ecosse la popularité moitié sentimentale et moitié patriotique de certaines chansons militaires de Béranger.
Il est cepen.dant inférieur, selon nous, à la ravissante idylle qui suit. Les détails sont réels ; mais des vers d'une poésie exquise, entre autres la sixième strophe, les relèvent et les parent, de façon à faire de ce petit récit un modèle de vérité et de grâce. Ce n'est pas une des inspirations éloquentes et ardentes de Burns ; c'est un petit travail d'artiste sobre et délicat. Il n'a rien écrit de plus parfait en ce genre.
Il y avait une fillette, et elle était jolie, Qu'on la vît à l'église ou au marché ; Quand toutes les plus belles flUes étaient assemblées, La plus belle fille était la jolie Jane.
1 The Soldiefs Return.