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« sans lui, la vie pour les pauvres habitants des chaumières serait un don de malédiction ' » . Il l'a chanté, non pas comme le désir universel dont sont travaillés les profondeurs des mers et les entrailles de la terre ; son esprit ne généralisait pas ses passions ; mais comme ce qui faisait le charme de sa vie, et le plaisir qui effaçait tous les autres. Et, dans le concert des pièces à l'Amour, son léger air de flûte a cependant sa place, est original par quelque chose de preste et de délibéré.
Les roseaux verdissent !
Les roseaux verdissent !
Les plus douces fieures que je passe,
Je les passe avec les fillettes, !
11 n'y a rien que soucis^ de tous côtés,
Et dans chaque heure qui passe ;
Que signifierait la vie de l'homme,
S'il n'était point de fillettes !
Les gens mondains peuvent suivre la richesse , Et la richesse leur échapper toujours ; Lors même qu'ils l'atteindraient enfin , Leur cœur n'en saurait jouir !
Mais donnez-moi une douce heure vers le soir,
Mes bras autour de ma chérie , Et les soins mondains et les gens mondains Peuvent aller sens dessus dessous !
Pour vous, les graves, qui vous moquez de cela, Vous n'êtes que des stupides ânes ; L'homme le plus sage que le monde ait vu A chèrement aimé les fillettes !
La vieille nature déclare que ces charmantes chéries Sont à ses yeux son plus noble ouvrage ; Sa main novice s'est essayée sur l'homme, Et puis, elle a fait les fillettes !
Les roseaux verdissent
Les roseaux verdissent ! •
Les plus douces heures que je passe
-Je les passe avec les fillettes I ^
A côté de cette pièce et comme suspendue à elle, se trouve l'apologie de l'inconstance que tant de poètes ont faite. Presque tous l'ont faite avec les mêmes images, avec celles qui. expriment le mieux la mobilité et la fuite : les flots, les nuages, les couleurs, tout ce qui échappe sans cesse, est insaisissable.
1 To Alex. Cunninc/ham, 24tii Jan. n89.
2 Green grow the RasheSy 1