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séraphiqiie d'Isaïe. Ou bien, il tourne les pages plus douces du Nouveau Testament.

Peut-être le volume chrétien est son thème,

Comment le sang innocent fut versé pour Ihomme coupable ;

Comment celui qui portait le second nom dans le ciel

N'avait pas de quoi reposer sa tête;

Comment ses premiers disciples et serviteurs prospérèrent ;

Les sages préceptes qu'ils écrivirent à mainte nation ;

Comment celui qui fut banni, solitaire à Patmos ,

Vit un ange puissant debout dans le soleil,

Et entendit le jugement de la Grande Babylone, prononcé par l'ordre du ciel.

Quelle grandeur prennent les pauvres murs où passent ces visions sacrées et majestueuses. Elles y apportent l'autorité de la Religion ; elles y répandent en même temps une poésie terrifiante ou adorablement tendre. Ce groupe de paysans les comprend. C'a été la lecture presque unique de leur jeunesse ; ils les entendent commenter tous les dimanches. Il y a là vraiment, dans toutes ces âmes simples, un instant moral de haute vénération, tel que des âmes plus cultivées n'en connaissent jamais. La scène continue par une prière qui plane sur tous les fronts courbés.

Alors, s'agenouillant devant le Roi éternel des cieux,

Le saint, le père, l'époux prie :

L'Espoir s'élance joyeux sur ses ailes triomphantes ,

L'Espoii qu'ils seront ainsi réunis dans les jours futurs ;

Qu'ils vivront à jamais à la chaleur des rayons incréés,

Sans connaître les soupirs, sans plus verser de pleurs amers,

Célébrant ensemble par des hymnes la louange du Créateur,

Plus douce encore en une telle société.

Tant que les cercles du Temps se mouvront dans une sphère éternelle.

Il est superflu de faire remarquer la simplicité et la fermeté de ces vers. Le poète a raison d'ajouter que, à côté de ceci, la pompe et la méthode que les hommes déploient dans les Congrégations semblent pauvres.

Comparée à ceci, combien pauvre est l'orgueil de la Religion,

Dans toute la pompe de sa méthode et de son art ;

Quand des hommes déploient devant une large congrégation

Toutes les grâces de la Dévotion, sauf le coeur !

Le Tout-Puissant, courroucé, abandonne ces cérémonies,

Le chant solennel, l'étole sacerdotale ;

Mais peut-être, dans quelque chaumière perdue, éloignée,

Il se plaît à entendre le langage de l'âme,

Et inscrit les pauvres habitants dans son livre de Vie.

La pièce, tout en restant élevée, descend un peu de ces hauteurs et se rapprodie de la terre. La soirée est achevée. On se disperse. Le père et la mère restent seuls avec une dernière pensée pour les leurs.

II. 15