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interdit sachant à peine comment se tenir. Lanière sait bien, atec sa perspicacité de femme, ce qui le rend si grave. Après le tableau des affections de famille, c'est celui de l'amour rustique, innocent et sincère. Il est dans le dessein du poète que la vie des paysans nous apparaisse sous tous ses aspects.

heureux amour ! Quand un amour comme celui-là se trouve !

extases ressenties au cœur ! bontieur au-delà des comparaisons !

J'ai parcouru beaucoup du triste cercle mortel.

Et la sage expérience m'ordonne de déclarer ceci :

Si le ciel répand une goutte de plaisir céleste,

Un cordial, dans cette vallée mélancolique, C'est lorsqu'un couple jeune, aimant, modeste. Dans les bras l'un de l'autre, soupire la tendre histoire Sous l'épine blanche comme le lait où se parfume la brise du soir.

Maintenant, le souper « couronne » leur pauvre table. La mère apporte le porridge, le lait que leur vache unique leur donne. La brave bête 1 On l'entend derrière la porte mâcher sa paille.. Cette touche délicate l'associe au repas qu'elle a fourni en partie. Elle est presque de la famille. C'est une affection qui complète les autres et met le dernier Irait à ce tableau de bonté.

Le souper terminé, la pièce grandit ; la scène prend quelque chose de biblique. Au milieu de la famille silencieuse, le père se lève. Il se découvre. 11 prend la vieille bible de famille, où sont inscrites les dates des naissances et des morts, obscures archives de la race. Une solennité remplit cette chaumière à peine éclairée, où les outils du travail quotidien luisent dans un coin.

Le joyeux souper fini, avec des visages sérieux.

Autour du feu, ils forment un large cercle.

Le père feuilleté avec une grâce patriarcale

♦ 1 a grosse Bible, jadis l'orgueil de son père ;

Il relire avec respect son bonnet,

Ses tempes grises sont maigries et dégarnies .

Parmi ces chants qui autrefois glissaient doucement dans Sion,

Il choisit une portion avec un soin judicieux ;

Et : i^ Adorons Dieu ! ' dit-il avec un air solennel.

C'est la prière du soir. C'est plus : c'est presque un office du soir. La famille chante une hymne sur un des vieux airs écossais qui ont servi aux Covenanters et où vivent encore les luttes, les persécutions, et la ferveur anciennes. Les voix et les cœurs sont à l'unisson. L'hymne achevée, « le père semblable à un prêtre » lit quelque passage de la Bible. Il l'emprunte aux pages sévères de l'Ancien Testament ; il parle d'Abraham qui fut l'ami de Dieu ; de Moïse, du barde royal gémissant sous la colère du ciel ; des gémissements de Job ; du feu farouche et