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bano, pièce injuste, d'une violence incroyable, et qui semble une véritable excitation à l'assassinat. Elle commence par des vers comme ceux-ci :
Longue vie et sanlé, milord, soient vôtres,
A l'abri des paysans affami's des Hautes Terres !
Fasse le Seigneur qu'aucun mendiant désespéré, déguenillé,
Avec un dirk, une claymore, ou un fusil rouillé,
Ne prive la vieille Ecosse d'une vie
Qu'elle aime — comme les agneaux aiment un coutelas*.
On croirait entendre un refrain fait pour des paysans Irlandais, aux plus sombres moments de haine. Et la pièce continue avec une sauva- ii:erie et une àproté d'ironie qui fait, par moments, penser à Swift. Elle éclate avec le ricanement farouche et infernal du plus amer des écrivains.
Lorsque, par hasard, il rencontre un noble, exempt des défauts de sa classe, il ne peut cacher sa surprise. On sent qu'il l'aborde avec un sentiment de défiance et j)resque d'hostilité. Il a besoin d'être désarmé. Dans ses vers sur sa rencontre avec lord Daer il dit :
Je guettais les symptômes des grands, L'orgueil d'être noble, la soleimité seigneuriale,
La hauteur arrogante ;
Du diable, s'il avait de l'orgueil ! ni orgueil,
Ni insolence, ni pompe, à ce que je pus voir,
Pas plus qu'un honnête laboureur 2.
Ainsi perce , à chaque instant , son mauvais vouloir envers les classes élevées, son irritation de voir au-dessus de lui, par la richesse ou les honneurs, des hommes sans mérite et sans utilité. On sent derrière chacune de ces strophes un pamphlétaire tout prêt, qui n'attend que l'occasion pour s'élancer à l'attaque des distinctions sociales. Ces vers sont en partie de 1786. Dans un autre pays, le persiflage de Figaro venait de donner à l'aristocratie de légers et brillants coups de stylet ; il y a ici une main plus lourde et comme des coups de hache.
Il n'a pas été satisfait de ces invectives qui, après tout, ne dépassent pas beaucoup la satire. Il est allé tout droit jusqu'au bout de la question. Il s'est demandé pourquoi le labeur de la plupart tourne au profit de quelques-uns ; pourquoi des milliers de créatures humaines peinent désespérément et stérilement, pour en entretenir quelques autres dans le luxe et la paresse. Il s'est, courroucé contre ce qu'on appellerait aujourd'hui l'exploitation de l'homme. Si le terme n'y est pas, la pensée
1 Address of Bcelzebub.
2 Lines on meeting loithHord Daer.