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Le roi Loute pensa le couper,
Quand il était encore un arbuste, homme,
Pour cela le guetteur lui fracassa sa couronne ,
Lui coupa la tète et tout, homme J i
Puis viennent des strophes qui rappellent la lutte de la Révolution contre les rois coalisés et qui font penser au beau passage de Coleridge sur le même sujet. C'est toujours le cri d'enthousiasme arraché par les victoires républicaines. Il y a ici quelque chose de plus martial.
Puis, un jour, une bande mauvaise
Fit un serment solennel, homme.
Qu'il ne grandirait pas, qu'il ne fleurirait pas,
Et ils y engagèrent leur foi, homme.
Les voilà partis, avec une parade dérisoire.
Comme des chiens chassant le gibier, homme,
Mais ils en eurent bientôt assez du métier, Et ne demandèrent qu'à être chez eux, homme !
Car la Liberté, debout près de l'arbre,
Appela ses flis à haute voix, homme;
Elle chanta un chant d'indépendance
Qui les enchanta tous, homme !
Par elle inspirée, la race nouvellement née
Tira bientôt l'acier vengeur, homme !
Les mercenaires s'enfuirent — elle chassa ses ennemis
Et rossa bien les despotes, homme *.
La pièce se continue par un retour sur l'Angleterre, oii se trouve une de ces allusions qui auraient rendu dangereuse pour Burns la publication de ces vers.
Que l'Angleterre se vante de son chône robuste,
De son peuplier, de son sapin, homme;
La vieille Angleterre jadis pouvait rire,
Et briller plus que ses voisins, homme.
Mais cherchez et cherchez dans la forêt,
Et vous conviendrez bientôt, homme
Qu'un pareil arbre ne se trouve pas
Entre Londres et la Tweed, homme! ^
La fin est un aperçu humanitaire. C'est le tableau de ce que pourrait devenir la vie humaine, si les arbres de la Liberté croissaient partout. On y voit paraître l'idée, rare et fugitive chez Burns, de la concorde et du bonheur universels. Nous avons vu qu'il goûtait peu ces idées générales. Au lieu des belles rêveries philanthropiques, oii se plaisait Wordsworth et qui étaient le véritable domaine de son âme, il y a ici quelque chose de
1 The tree of Liberty.