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«ne traduction, sa pièce smV Arbre de la Liberté, sans sentir ce qu'elle contient d'àpreté.
Avez-vous entendu parler de l'arbre de France ?
Je ne sais pas quel en est le nom ;
Autour de lui, tous les patriotes dansent,
L'Europe connaît sa renommée.
Il se dresse où jadis se dressait la Bastille,
Une prison bâtie pour les rois, homme,
Quand la lignée infernale de la Superstition
Tenait la France en lisières, homme !
Sur cet arbre pousse un tel fruit
Que chacun peut en dire les vertus, homme ;
Il élève l'homme au-dessus de la brute.
Et fait qu'il se connaît lui-même, homme.
Si jamais le paysan en goûte une bouchée,
Il devient plus grand qu'un lord , homme,
Et avec le mendiant il partage un morceau
De tout ce qu'il possède, homme !
Ce fruit vaut toute la richesse d'Afrique,
Il fut envoyé pour nous consoler, homme ;
Pour donner la douce rougeur de la slanté.
Et nous rendre tous heureux, homme.
Il éclaircit le regard, il égaie le cœur,
Il rend les grands et les pauvres bons amis, homme ;
Et celui qui joue le rôle de traître,
Il l'envoie à la perdition, homme !
Ma bénédiction suit toujours le gars
Qui eut pitié des esclaves de la Gaule, homme.
Et, en dépit du diable, rapporta un rameau.
D'au delà des vagues de l'Ouest, homme.
La noble Vertu l'arrosa avec soin.
Et maintenant elle voit avec orgueil, homme.
Combien il bourgeonne et fleurit , Ses branches s'étendent au loin, homme ! ^
On sent déjà dans ces strophes* quelque chose d'autrement âpre que chez les autres poètes. Celle qui suit est plus farouche encore. Elle est brutale, à la fois narquoise et cruelle, comme un refrain de sans-culotte. Elle a comme un écho du «ça ira». Elle aurait pu être chantée par la foule qui s'en retournait de voir l'exécution de Louis XVI. /
Mais les gens vicieux haïssent de voir
Les ouvrages de la vertu prospérer, homme;
La vermine de la cour maudit l'arbre.
Et pleura de le voir fleurir, homme.
1 Tho tree of Liberty.