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temps de le rechercher, et pourtant le réclame, pour donner à ses ambitions ou à ses besognes leur éclat et leur cadre ou leur refuge et leur conso- lation. C'est d'eux que le goût du beau, par une série de chutes, descend, déformé souvent et parfoi'îî perverti, jusqu'aux couches inférieures de l'humanité, vient y mourir en admirations obscures et rudimentaires , et amène des instants de joie ou de distraction, de repos ou d'idéal, tels quels, aux plus basses existences. Oui ! cela est vrai à la lettre. Le haut enseignement artistique , qu'il s'épanche par le livre ou la parole , est comme un fleuve qui emporte des paillettes d'or ; il passe à travers des cribles successifs, de plus en plus appauvri et limoneux ; et cependant, grâce à lui , le dernier misérable se réjouit de trouver une parcelle brillante. Sans lui , la romance du café-concert qui est la poésie de l'ouvrier et l'image d'Épinal qui amuse le petit enfant pauvre n'exis- teraient pas. Il est le plus utile quand il a une vertu de propagande et une contagion d'enthousiasme. Il remplit une véritable fonction sociale. Ces services suffisent pour protéger la critique esthétique. Elle est chan- geante mais indestructible, parce qu'elle est nécessaire d'une nécessité sans cesse renouvelée. Elle subsistera en dehors des tentatives de géné- ralisations scientifiques qui ne se meuvent plus sur le terrain de l'art. C'est ceue critique et cette critique seule que nous entendons faire , à un niveau aussi modeste qu'on voudra le juger.