Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/218

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 194 — ^

Ma voix mélancolique se mêlait au chœur :

« Soyez joyeuses, toutes les nations ; dans toutes les terres,

Vous qui êtes capables de joie, soyez joyeux !

Désormais tout ce qui nous manque à nous-mêmes ,

Nous le trouverons chez les autres ; et tous,

Enrichis d'une richesse mutuelle et partagée.

Honoreront d'un seul cœur leur parenté commune ^. »

Et Coleridge rappelait des souvenirs semblables, presque dans des termes semblables :

Bientôt, disais-je, la Sagesse enseignera son savoir,

Dans les humbles huttes de ceux qui peinent et gémissent !

Et, par son seul bonheur victorieux,

La France contraindra les nations à être libres

Jusqu'à ce que l'Amour et la Joie, regardant autour d'eux, réclament la Terre comme

[leur bien 2.

Toute la jeunesse anglaise acclamait la Révolution. Il fallait que cette admiration de la Révolution française fût profon- dément ancrée dans les cœurs, pour qu'elle y fût plus forte que l'amour même de la Patrie. C'étaient pourtant des cœurs bien anglais que ceux de Wordsworth et de Coleridge. L'homme qui a écrit le sonnet à Milton a donné une des plus hautes expressions du patriotisme. Et celui-là a produit une des plus belles invocations à la terre natale qui lui a parlé ainsi :

Bretagne natale, ô Ile maternelle I

Comment peux-tu m'étre autre chose que chère et sacrée,

A moi qui, de les lacs, de tes collines.

De tes nuages , tes vallées paisibles , tes rocs et tes mers ,

Ai puisé partout ma vie intellectuelle,

Toutes les douces sensations, les pensées anoblissantes.

Toute l'adoration du Dieu qui est dans la nature,

Toutes les choses aimables et honorables,

Tout ce qui fait ressentir à notre esprit mortel

La joie el la grandeur de son être futur.

Il ne vit ni une forme, ni un sentiment dans mon âme

Qui ne soit emprunté à ma patrie. divine

Et admirable Ile ! tu as été mon seul

Et très magnifique temple, dans lequel

Je marche avec respect et chante mes chants austères.

Aimant le Dieu qui m'a fait! 3

L'Augleterre n'avait pas reçu un tel hommage de ses fils depuis le salut que Shakspeare lui avait adressé i\im'$, Richard U'k Et cependant, ces

1 "Wordsworth. The Excursion, Book in,

2 Coleridge. France^ an Ode.

3 Coleridge. Fears in Solitude.

4 Richard II, act. 11, scène 1.